L’autisme sous l’angle des intelligences multiples
Ritta BADDOURA, psychologue au SESSAD DI-TED, a récemment publié un article sur le site internet du journal L’Orient Littéraire présentant l’écrivain et comédien Hugo HORIOT dans un entretien approfondi sur les intelligences multiples et l’autisme. En voici un extrait.
Vous dressez dans votre ouvrage « Autisme : j’accuse ! » un état des lieux -scientifique, statistique, social, économique et politique- de l’autisme en France et partez en guerre contre l’exclusion.
« En France, on considère l’autisme comme une étrange maladie à soigner et éradiquer. Dire « autiste » renvoie à un handicap qui va fermer toutes les portes et mener à l’exclusion. L’autisme est un miroir grossissant d’une société trop normative qui va mettre en situation de handicap des tas de profils à l’intelligence atypique. (…) Nous évaluons l’intelligence de l’individu avec des critères trop normatifs, dès qu’une personne est atypique, par exemple un autiste non verbal, ou pas à l’aise avec la communication, elle est considérée comme un être non pensant et c’est une erreur. L’intelligence est un grand réservoir. Il faut urgemment aborder l’autisme sous l’angle des intelligences multiples plutôt que de donner une définition unique à l’intelligence. »
Vous insistez justement sur l’intelligence atypique des autistes.
« L’autisme est une manière complètement différente de percevoir les choses et d’accéder à des formes de pensée inaccessibles à la majorité des gens, tout comme les schémas de pensée classique sont naturellement inaccessibles à une personne autiste. Grâce à sa pensée en arborescence, un autiste est capable de résoudre les choses d’une autre façon, parfois plus vite qu’un neurotypique, voire de mettre au jour des angles morts. Plutôt que de le féliciter et de s’y intéresser, on veut lui apprendre à raisonner de la même façon que tout le monde. Dans notre société, on accorde une grande importance au verbe, au paraitre, et à l’aptitude à pouvoir plus ou moins expliquer ce qu’on n’a pas élaboré soi-même. Un autiste ne peut pas apprendre le rabâchage. Il a besoin de comprendre les causes et les conséquences. La bulle de l’autiste et ce qu’on décrit de son isolement viennent davantage du regard qu’on porte sur l’autisme, et sont créés par cette recherche incessante de faire correspondre l’autiste à la norme. »
Vous avez pu poursuivre contre vents et marées une scolarité ordinaire et cela a été votre chance.
« Vous savez, quand j’étais enfant, j’ai été non verbal et ceux qui m’avaient rencontré avant l’âge de 6 ans ont dit de moi que j’étais un autiste sévère, de bas niveau. C’est pour cela que certains professionnels voulaient m’enfermer dans une institution et que certains enseignants m’appelaient le cerveau lent. Aujourd’hui, quand on me présente dans les conférences et les médias, on dit que je suis un autiste de haut niveau. On voit que ces notions d’autisme verbal et non verbal, de haut niveau et de bas niveau, sont avant tout une question d’évolution. L’autisme de bas niveau est le résultat de l’exclusion. J’ai trouvé des solutions pour rester à l’école et j’ai fait ainsi des rencontres importantes. Les rencontres sont primordiales dans votre vie, et impactent vos choix. Les rencontres ne se passent pas dans l’exclusion. »
Retrouver l’intégralité de cet entretien en cliquant sur le lien suivant :
Intelligence de l’autisme et société inclusive : le combat d’Hugo Horiot